David Bowie: l’artiste entrepreneur
Premier artiste de la pop culture à proposer un album en téléchargement et à être côté en Bourse, ce pionnier a développé des pratiques souvent visionnaires pour exercer son métier et distribuer sa musique.
1 an après la disparition du londonien qui commença sa carrière par la folk et le mime dans les années 60, il est difficile de ne pas repenser à l’éclectisme et la créativité dont cet homme a su faire preuve pendant toutes ces années. La partie émergée de l’iceberg c’est cette succession de personnages, d’expérimentations, d’allers retours entre les différentes formes d’art de la musique en passant par la vidéo, le cinéma. Mais la créativité s’exprime aussi ailleurs que dans l’art et notamment dans la vision disruptive qu’il va appliquer au secteur qui est le sien.
En 1997, en pleine bulle internet, il est le premier à proposer un titre en téléchargement (Telling lies) et 2 ans plus tard un album complet (Hours). L’artiste complète alors sa capacité à s’affranchir de la structure existante des maisons de disques en créant un FAI (BowieNet) pour faciliter l’accès au contenu musical en ligne aux USA et au Royaume Uni. Prescripteur d’un business-model qui fera école, Bowie prouve que l’artiste n’est pas condamné à l’immobilisme et à la passivité quand il s’agit de faire acte de promotion et de développement. L’impulsion initiale de Bowie est de créer une communauté globale ou la musique est désintermédiée, ou les labels ne jouent plus un rôle aussi central, où la musique est un stream « comme l’eau ou l’électricité » et où les concerts sont la pierre angulaire du système.
« Je suis ravi de faire bouger les lignes de l’industrie musicale et de faire du téléchargement la norme, et non plus l’exception »
Le chanteur va dealer avec EMI une licence de copyright sur son catalogue pour la période 1969/90 qui lui assurera un revenu suffisant pour lever une obligation à 10 ans de 55 millions de dollars. (James Brown et Rod Stewart suivront son exemple peu après). Avec une fortune estimée par le Sunday Times à 200 millions d’euros à sa disparition et aucun doute sur son talent artistique, il est l’artiste entrepreneur du XXIème siècle.
(Reconnaissance posthume pour celui qui a vraisemblablement ouvert la brèche vers le modèle économique de l’industrie de la musique des années à venir, cette série de timbres imprimés par la Royal Mail.)
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